Le sport antillais a connu une évolution notable dans la formation des professionnels et des métiers du secteur. Cependant, des limites sont observées en raison de son contexte amateur. Les clubs rencontrent des défis, alors qu’ils cherchent à investir dans de nouveaux domaines pour développer leurs performances.
Les Antilles disposent de grandes réussites sportives à l’international, et de beaucoup de noms ayant commencé leur formation dans nos terres. On peut penser à Thomas Lemar, Sandrine Gruda ou encore Didier Dinart pour ne citer qu’eux.
On les considère comme des “Terres de Champions”, notamment grâce à l’existence de nombreux pôles espoirs (basket, athlétisme, handball,…), mais aussi du CREPS Antilles-Guyane qui permet en plus de la réussite sportive pour certains, de former également de futurs professeurs d’éducation physique et sportive. Pour atteindre ce niveau de réussite, de nombreux secteurs sollicités doivent répondre aux ambitions des clubs de différents sports.
Une démocratisation des métiers
En effet, si l’on remonte dans le temps et jusqu’à la fin des années 1950 et le début des années 1960, la présence de spécialistes dans le sport était très faible. C’est ce que nous a appris Carmel Luissint, ancien entraîneur de la sélection Guadeloupe et un des membres fondateurs du célèbre club de l’Étoile de Morne-à-l’Eau, qui nous a fait part de l’évolution notable du secteur sportif antillais.
L’évolution dans le domaine scolaire
Premièrement, au niveau scolaire, “il n’y avait pas de professeur de sport pour nous, c’était les instituteurs qui dirigeaient les séances en n’ayant aucune notion de sport, ce qui ne nous permettait pas de comprendre la rigueur qu’il fallait dans le domaine”, nous dit-il. Puis au fil du temps, des diplômes pour la spécialité se sont développés ainsi que des concours pour devenir professeur d’éducation physique et sportive pour la jeunesse.
La naissance des postes en club
En ce qui concerne les métiers en club, l’ancien sélectionneur guadeloupéen nous a expliqué en prenant l’exemple du football, que le poste d’entraîneur a également connu un changement majeur, “c’était le meilleur joueur, celui qui avait le plus d’aptitudes techniques et physiques qui était entraîneur, c’était une sélection faite naturellement, par habitude.”
Or, quand les entraîneurs formés en tant que tels sont arrivés, le changement a été rapidement constaté, les compétences requises pour un entraîneur ne sont évidemment pas les mêmes que quelqu’un à qui on attribue le poste de par ses atouts au football. Les différentes formations, concours se sont par la suite fortement développés et de nombreux postes plus techniques ont vu le jour : les médecins du sport, les arbitres, les recruteurs mais aussi les journalistes spécialisées et plus encore.
Un développement limité ?
Le développement des métiers a été constaté, mais aujourd’hui le sport antillais rentre dans le cadre amateur et par conséquent des limites sont observées. Interrogé sur le sujet, Rony Edouard, ancien entraîneur de la Jeunesse Sportive de Vieux-Habitants, dénonce le manque de moyens que disposent les clubs afin de pouvoir développer de nouveaux domaines.
Un contexte amateur pénalisant
“Avons-nous les moyens ? Les infrastructures nécessaires pour ces nouveaux métiers ? Les clubs ont évidemment besoin de ces biais pour développer leurs compétences et leurs performances, cependant combien peuvent s’offrir leurs services ?” C’est donc ce contexte amateur qui complique et limite la tâche pour le sport antillais, “La ligue, les politiques n’ont déjà pas les moyens de soutenir les clubs, de donner des infrastructures dignes de ce nom pour de simples entraînements, des formations et autres encadrements ! Alors imaginez pour des services tels que l’analyse vidéo, le recrutement, les préparateurs physiques, les préparateurs mentaux, etc… Nous serions dans un milieu professionnel cela serait plus facile !”
Des ambitions réduites
Cette situation ne rentre pas en adéquation avec les ambitions des clubs de nos régions qui ont la volonté de s’étendre et d’investir dans des joueurs, entraîneurs et autres mais qui ne disposent pas de moyens suffisants. Les extras comme nous l’indique l’entraîneur de la JSVH sont nécessaires au développement de nos disciplines sportives. Il porte un œil attentif sur ceux qui montrent l’envie de développer le sport antillais, “Nous devons ce développement qu’à la bonne volonté de quelques professionnels bénévoles qui ont le vœu de faire progresser le secteur ! Je veux pour exemple Karaïbes Sports, Total Sports,etc…”.
L’élaboration d’un avenir
Certains métiers du secteur professionnel sportif se développent malgré tout aux Antilles, dont celui d’analyste vidéo. Nous avons pu interroger Jahyron Edouard, 19 ans, qui a effectué une formation à l’En avant de Guingamp, club évoluant en Ligue 2 avant de revenir en Guadeloupe pour exercer le poste et de travailler pour des clubs tels que La Gauloise.
À travers son métier, il donne son avis sur la situation aux Antilles, “Étant analyste vidéo dans le football, un métier qui est peu voire pas développé chez nous, il faudrait bénéficier de plus de formations, de stages”. Jahyron Edouard est un des premiers analystes vidéos qui exercent en Guadeloupe et a pour volonté de démocratiser son métier afin de permettre une ouverture sur nos îles et de voir plus grand.
Un potentiel à exploiter
Lorsque nous observons les discours émis concernant le souci du secteur sportif aux Antilles, c’est principalement celui du manque de moyens disponibles, or que le potentiel est présent et avec le succès de nos sportifs dans le monde, les possibilités de faire encore de grandes choses sont immenses.