Alors que plus de 18 000 cas ont été détectés dans le monde (hors d’Afrique et en majorité en Europe) depuis le début du mois de mai, les agences régionales de santé (ARS) ont informé de la découverte d’un premier cas confirmé de variole du singe (virus Monkeypox) en Martinique (le 15 juillet) puis en Guadeloupe (le 25 juillet). Il s’agissait de résidants ayant voyagé sur l’hexagone, dans une région où circule le virus. Depuis, ce sont plusieurs cas qui ont été confirmés en Martinique selon un médecin du service de maladies infectieuses du CHUM « et vu comme les avions sont pleins, il paraît évident que le virus circule sur nos territoires ». L’OMS a déclaré l’épidémie de Monkeypox comme étant une urgence de santé publique.
De quoi parle-t-on et quelles précautions doivent être prises ?
Après la Covid-19, déjà une nouvelle maladie ?
La variole du singe est une maladie infectieuse virale connue depuis le début des années 70, découverte et présente en Afrique. Cette maladie était habituellement transmise à l’Homme dans les zones forestières d’Afrique du Centre et de l’Ouest par des rongeurs sauvages ou des primates. Mais une transmission inter-humaine est également possible et depuis mi-mai 2022, plusieurs foyers de contamination inter-humaine autochtones ont été détectés en France alors que cette pathologie était absente du territoire européen, sans notion de voyage ni de contact avec des voyageurs en provenance d’Afrique.
Est-elle dangereuse ?
Dans la majorité des cas, il s’agit d’une maladie bénigne spontanément résolutive en deux à quatre semaines. La transmission se fait principalement par contact rapproché (notamment à l’occasion d’un rapport sexuel) avec une personne atteinte de Monkeypox donc porteuse du virus. On ne sait pas encore clairement s’il s’agit aussi d’une Infection Sexuellement Transmissible (IST)
Quels sont les symptômes ?
L’infection par le virus de la variole du singe peut se manifester dans les 5 à 21 jours qui suivent l’exposition, par une forte fièvre et des ganglions douloureux au niveau du cousuivis de l’apparition de boutons/lésions/vésicules, notamment au niveau des parties génitales, du visage et sur les muqueuses buccales ou anales qui peuvent être particulièrement douloureuses. En cas de signes évocateurs d’infection par Monkeypox, il est recommandé dès leur apparition d’appeler votre médecin ou un service médical d’urgence (le 15) et de s’isoler.
Pourtant des décès sont récemment survenus
La maladie est plus grave chez les enfants et chez les personnes immunodéprimées. En France, aucun décès n’a été signalé à ce jour. Dans le monde, les cinq morts survenues les quelques jours précédant l’écriture de cet article, étaient les premiers décès de patients atteints de la variole du singe en dehors de l’Afrique, selon l’AFP. Au total, dix décès ont été enregistrés dans le monde depuis mai dernier, les cinq premiers ayant été signalés sur le continent africain. Même si l’OMS prévoit une augmentation de leur nombre, les décès parmi les personnes porteuses du virus sont rares et essentiellement liés à des complications de personnes immunodéprimées. Au 02 août 2022, 2239 cas confirmés ont été recensés en France. Ces cas résidaient le plus fréquemment en Ile-de-France en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes.
Suis-je réellement concerné ?
Actuellement, si la majorité des personnes ayant contracté le virus sont des hommes ayant eu des relations sexuelles avec plusieurs partenaires masculins, la maladie peut toucher n’importe qui. Toute personne ayant un contact physique étroit avec une autre personne qui a contracté la variole du singe est à risque. Et plus le virus circule et plus il a de chance de toucher le plus grand nombre. C’est la raison pour laquelle, à ce stade, la Haute Autorité de Santé recommande une vaccination préventive aux groupes de personnes les plus exposés au virus : « Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes rapportant des partenaires sexuels multiples ; les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ; les personnes en situation de prostitution ; les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle ».
La vaccination est disponible auprès des CeGIDD (Centres Gratuits d’Information, de Dépistage, et de Diagnostic) des CHU de Martinique et de Guadeloupe, mais aussi au Centre Hospitalier de Cayenne, même si aucun cas de variole du singe n’a été détecté en Guyane.
Halte aux préjugés !
De nombreux préjugés et de fausses rumeurs entourent cette maladie, tant les informations sur Monkeypox peinent à atteindre le grand public. D’abord, beaucoup de personnes mal informées s’imaginent que c’est une maladie qui ne concerne que les homosexuels comme avec le VIH à l’époque, nous rappelle Brice Armien-Boudré co-président de l’association KAP Caraïbe. « On se doit d’être vigilant face à cette résonnance morbide avec les années SIDA, où l’appellation cancer gay stigmatisait et discriminait la communauté LGBT dans les suites de la découverte du VIH ». Il est important de dissiper les malentendus et de rappeler que Monkeypox se propage indépendamment de l’orientation sexuelle ou amoureuse. Ces fausses croyances pétries d’homophobie stigmatisent à nouveau la communauté LGBT voire en entraînent d’autres à ne pas se faire dépister.
Enfin, beaucoup de personnes estiment qu’une vaccination préventive serait beaucoup trop précoce en faisant une comparaison facile et immédiate avec le vaccin contre la Covid19. Pourtant, le vaccin indiqué est celui de 3e génération de la variole traditionnelle, IMVANEX, ayant une autorisation de mise sur la marché depuis juillet 2013. La vaccination contre la variole était obligatoire jusqu’en 1979 et est la plus ancienne de l’histoire de l’humanité. Utilisé actuellement dans les centres de vaccination, IMVANEX serait bien toléré et efficace pour réduire le risque de formes graves et l’intensité des symptômes en cas d’infection par Monkeypox.
Même s’il n’a pas la dangerosité de notre bon vieux virus de la variole humaine traditionnelle, Monkeypox est inquiétant par la sous-information et le caractère exponentiel de l’épidémie actuelle qu’il faut pouvoir contenir avant une possible submersion du reste de la population.