Ce lundi, s’est tenu un séminaire sur les politiques de l’habitat en Martinique à l’initiative de l’USHOM (Union Sociale pour l’Habitat Outre-mer), l’Association des Maires de Martinique (AMM) et de la ville de Fort-de-France.
Ainsi les représentants des mairies de l’île, les principaux bailleurs sociaux ainsi que des conseillers, des représentants du privé et des spécialistes de la fiscalité étaient réunis dans la salle du Conseil Municipal à la mairie. Le but était d’échanger autour des problématiques du logement sur l’île, dans un contexte de crise dans le secteur.
L’occasion de faire « un rapport pour développer l’efficience des politiques d’habitat dans les outre-mer », explique Michel Pelenc, président de la commission Outre-mer du Conseil National de l’habitat. Selon lui, le but est d’examiner les lois, les décrets et les arrêtés.
« Nous constatons qu’à chaque fois il y a des décalages de mise en place dans les Antilles. Le diagnostic de performance énergétique n’est toujours pas à l’œuvre en outre-mer, alors qu’il l’est dans l’hexagone depuis longtemps »
Michel Pelenc
Un décalage qui se traduit par la récente mise en place de fonds pour la construction de foyer pour les jeunes travailleurs ou encore pour la prise en charge des séniors à domicile. Deux dispositifs qui existaient déjà en France hexagonale.
Un contexte de crise
Selon Michel Pelenc, 80% du parc de logements serait détérioré ou pas aux normes. En plus d’un « manque de politique au niveau des propriétaires occupants, des propriétaires bailleurs et des locataires »,le président de la commission met le doigt sur les logements vacants, un réel fléau sur l’île.
Pour Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, la réhabilitation de ces logements est l’enjeu majeur de cette crise.
« Il faut se concentrer sur l’amélioration de l’habitat et la réhabilitation des 30 000 logements vacants. Il ne s’agit pas systématique raser pour reconstruire à la place »
Didier Laguerre
Le manque de financement et les enjeux de construction étaient également au centre du séminaire.
« Nous avons discuté de la nature des terres sur lesquelles nous pouvons construire. Nous sommes sur de la dentelle, donc il faut reconstruire des quartiers sur des quartiers et c’est une problématique d’ingénierie importante qui a des coûts », explique Didier Laguerre.
Vers la mise en place de solutions
Le dispositif de groupement d’intérêt mis en place par Serge Letchimy a été salué, mais selon le maire, il reste encore du travail à faire.
« Il y a des problématiques de maîtrise des propriétés et de temps pour réaliser ce remembrement. Il est important que nous puissions réfléchir à des dispositifs législatifs réglementaires qui permettent de raccourcir ce temps pour être plus performants dans la réhabilitation du parc existant »
Didier Laguerre
Les centres anciens, les maisons et les zones à risque devraient être la priorité après ce séminaire, selon Michel Pelenc. Par ailleurs, ce dernier publiera un rapport à la fin du mois de juin sur les actions menées concernant le logement sur l’île.
De plus, un plan logement outremer (PLOM) sera publié en 2024, ce qui encourage le président de la commission Outre-mer du Conseil National de l’habitat, satisfait de voir tous ces acteurs du logements réunis.
« Ce n’est pas qu’une histoire d’argent et c’est aussi une histoire de synergie entre les acteurs »
Didier Laguerre affirme aussi l’importance de la concertation commune dans ce type contexte.
« Il ne faut pas rester chacun dans son couloir de natation à travailler seul sur des problématiques alors quelles sont transversales. C’est en partageant nos expériences, problématiques et solutions que nous pouvons construire ensemble une réponse adaptée à la réalité de notre pays »
Didier Laguerre