Né le 1er janvier 1975 au Marin, Luc Hodebourg s’est fait connaître des Martiniquais en 2020, lors de sa présentation aux élections municipales, dans sa commune natale.
Après avoir prononcé sa phrase iconique « pa volè bagay moun ! Ay lanmè ! », sur un plateau de télévision, l’ex-candidat politique est devenu une figure iconique des réseaux sociaux, faisant rire certains plus que d’autres. Mais qui était vraiment Luc Hodebourg ? Ses enfants le décrivent comme un homme engagé pour sa communauté, et un père aimant.
Les origines de Luc Hodebourg
Cadet d’une fratrie de 7 enfants, Luc Hodebourg a toujours été une figure de générosité et de dévouement, selon ses proches. Premier fils de la famille, il a su jongler entre ses responsabilités familiales et ses passions pour la pêche et l’agriculture. Après un premier mariage et un premier enfant (Cindy Hodebourg), l’amoureux de l’agriculture rencontre en Bretagne Valerie Muller, qui deviendra son épouse et la mère de ses trois autres enfants : Tifenn, Euzann et Luka.
Ils filent le parfait amour pendant plusieurs années, et en 2013, ils partent vivre en Martinique et s’installent avec leurs 3 enfants, dans la commune de Saint-Pierre. Malheureusement, une année plus tard, la mère de famille décèdera d’un cancer du sein, métastasé en cancer des os. Cet événement traumatisant, marquera profondément la vie de Luc Hodebourg et de ses enfants, qui déménageront au Marin.
Un père présent, malgré les difficultés
Luc Hodebourg est décrit par sa fille Tifenn, 19 ans, comme un papa très bienveillant et aimant. « Nous avions une relation fusionnelle avec lui », commence-t-elle. « Mon papa m’a tout enseigné. Il m’a appris à me coiffer, à nager, à cuisiner. Il était très présent pour nous, depuis tout petits », se remémore-t-elle avec nostalgie.
L’ancien pêcheur marinois est, selon sa fille, une personne qui avait la joie de vivre, en permanence. Malheureusement, après le décès de celle qui était l’amour de sa vie, Luc Hodebourg rencontre le chemin de l’alcool et sombre dans une forme de dépression qui ne le lâchera plus. « C’était vraiment un papa poule », raconte Tifenn.« Il a toujours été là pour nous, on n’a jamais manqué de rien, il nous défendait et on avait cette relation très complice où on rigolait beaucoup avec lui. Il nous taquinait et aimait nous faire des blagues. Malheureusement il était très amoureux de sa femme, et le décès de ma mère l’a mené un peu à sa perte. Il est tombé en dépression, il n’a jamais été diagnostiqué, mais je pense que c’est ça. Il ne voulait pas aller voir de psychologue. Il a trouvé refuge dans l’alcool et malheureusement en voulant nous préserver, nous ses trois enfants, il nous cachait un peu sa peine. Il s’est perdu en voulant nous préserver et en est décédé hier », nous confie-t-elle la gorge serrée.
Un homme engagé et dévoué auprès de la population
En plus de sa passion pour l’agriculture, Luc Hodebourg était un homme politique engagé et déterminé. Membre d’Europe Écologie les Verts, il avait créé le Parti Familial Marinois. En 2020, il s’est présenté en tant que candidat aux élections municipales de la commune du Marin. « Il a toujours aimé la politique, car il était contre l’injustice. C’était vraiment son combat, justement. Il a essayé de faire de son possible, il était investi, avec toute la bienveillance d’une vraie personne », partage sa jeune fille avec fierté.
Luc Hodebourg avait à cœur de lutter contre la délinquance, d’aider la jeunesse, les personnes âgées et les femmes. Manque de colistiers, la préfecture annulera sa liste et l’ex-candidat n’ira pas plus loin dans l’aventure. À la suite de cet événement, il créera l’association « Ay lanmè », qui aura pour but de continuer ce pour quoi il s’est toujours battu.
« C’est dur, mais je dois rester forte pour mon frère et ma sœur »
Tifenn, Euzann et Luka, sont maintenant orphelins. Une situation très dure à vivre pour la fratrie. « C’est un cauchemar. Nous avons perdu notre mère il y a dix ans. Aujourd’hui c’est notre père. C’est vraiment un choc », partage l’aînée sanglotante. Tifenn qui est une jeune étudiante de 19 ans, doit maintenant s’occuper de son petit frère de 14 ans. « Je cherche un logement pour mon frère et moi, où je continuerai son éducation et tout ce qu’il faut pour qu’il ne soit pas désorienté. Je refuse catégoriquement qu’il soit en famille d’accueil. Je suis sa grande sœur et j’ai toujours été là pour lui, il vivra avec moi et c’est tout », déclare-t-elle.
Euzann, elle, partira bientôt en Guadeloupe pour entamer ses études supérieures. Depuis l’événement tragique, Tifenn souhaite prendre soin de son frère et sa sœur, tout en maîtrisant ses sentiments pour les soutenir au mieux. « Je vais devoir me calmer et gérer mes émotions, car derrière il y a mon petit frère et ma petite sœur. Quand j’ai appris la nouvelle, je n’étais pas sur place. Une fois arrivée au Marin, j’ai continué de pleurer dans la voiture et ensuite, j’ai essayé de gérer mes larmes. Là, c’est moi qui dois tout gérer. Je suis rentrée et j’ai rassuré ma sœur et mon frère comme je le pouvais. Je ne peux pas pleurer, ce n’est pas le moment de le faire. Place aux démarches à effectuer. J’ai eu du mal à dormir après la nouvelle, bien sûr. C’est dur, mais je dois rester forte pour mon frère et ma sœur ».
Une cagnotte Leetchi ouverte par la famille
Démunie face au décès de son père, Tifenn publie une vidéo sur Instagram et TikTok, où elle y lance un appel à l’aide. Dans cette séquence émouvante, l’aînée explique, les larmes aux yeux, son incapacité à pouvoir payer les frais d’obsèques et assurer l’éducation et l’avenir d’Euzann et Luka. Le cri de détresse de la jeune femme, visionné plus de 300 000 fois sur TikTok, aura émeut les Martiniquais.
Au lendemain de l’ouverture de la cagnotte, le montant de la récolte s’élève à plus de 60 000 euros. Un élan de solidarité, auquel Tifenn ne s’attendait pas. « J’en pleure, je suis totalement émue. Je ne sais pas comment remercier les Martiniquais. Je ferai une vidéo sur mes réseaux sociaux afin de m’exprimer, pour leur montrer tout ce que je ressens dans mon cœur. Je suis juste complètement touchée, je ne pensais pas que cette vidéo allait prendre autant d’ampleur. Je pensais avoir juste les fonds pour l’enterrement, mais quand je vois que grâce à eux, mon petit frère et ma petite sœur auront un avenir, j’en pleure, je ne réalise pas », confie-t-elle émue. La jeune femme annonce également, que la somme finale sera divisée par 3, équitablement.
Tifenn Hodebourg a souhaité, à travers cet article, adresser quelques mots à son père :
« Ce que je préférais le plus chez toi papa, c’était ta joie de vivre. Merci pour tout, merci pour la personne que tu étais malgré tout. Je sais que là-haut, tu seras près de ta femme, près de notre mère que tu as tant aimée. Et tu veilleras sur nous de là où tu es »
La veillée aura lieu ce vendredi 26 juillet à partir de 18h sur la place de l’église du Marin. Les obsèques se tiendront samedi 27 juillet à l’église du Marin à partir de 10h30.