Le public était venu en nombre lundi après-midi au pôle culturel de Kourou pour écouter Matthias Maurer et Thomas Pesquet. L’occasion de revenir sur la carrière des deux astronautes de l’ESA et sur la vie au sein de l’ISS.
Des parcours hors-normes
Matthias Maurer grandit en Allemagne où il va y étudier le génie des matériaux à Sarrebruck avant de poursuivre des études d’ingénieur dans différentes universités européennes. Il fréquentera celles de Leeds, Nancy et Barcelone. Un parcours très riche qui s’avère être un choix murement réfléchi pour celui qui s’est exprimé d’un français assuré au micro du pôle culturel de Kourou.
En 2004, il achève son cursus universitaire obtenant un doctorat en ingénierie des sciences des matériaux à l’Ecole Supérieure Polytechnique de Rhénanie-Westphalie.
Il est sélectionné en juillet 2015 par l’agence spatiale européenne et s’engage pour trois années de formation avant de pouvoir prétendre prendre part à l’équipage. Le 11 novembre 2021, Matthias Maurer décolle à bord de SpaceX Crew-3 avec la mission de remplacer Thomas Pesquet au sein de l’ISS. Quelques mois plus tard, il réalise sa première sortie extravéhiculaire pour des travaux de maintenance, expérience qu’il considère comme « l’un des trois grands rêves d’un astronaute ».
Thomas Pesquet, quant à lui, commence son cursus à l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace à Toulouse. Après avoir occupé différents postes dans l’industrie aérospatiale, il devient pilote de ligne en 2005. Quatre ans plus tard, le natif de Rouen fait partie des six candidats retenus par l’ESA.
Il décolle de Baïkonour le 17 novembre 2016 pour une mission qui va durer huit mois. En juillet 2020, fort de son expérience, le français est de nouveau sélectionné pour intégrer la capsule Crew-Dragon conçu par l’entreprise américaine SpaceX. Après cette mission, qu’il a baptisé ALPHA, Thomas Pesquet devient l’astronaute européen le plus expérimenté avec 400 jours dans l’espace et 6 sorties extravéhiculaires.
« La station spatiale internationale, ça fait la taille d’un terrain de football »
La rencontre des deux astronautes a permis au public guyanais d’en apprendre un peu plus sur la vie quotidienne au sein de l’ISS.
Thomas Pesquet et Matthias Maurer ont d’abord évoqués les conditions de vie dans cet environnement si particulier qu’est l’espace. « Nous menons des expériences scientifiques sur des thème divers et variés, cela constitue l’essentiel de notre mission » témoigne Matthias Maurer devant la photo du module Colombus, cylindre au sein de l’ISS à l’intérieur duquel sont menées des centaines d’expériences par an.
Toute la station n’est pas habitée, seulement une partie est destinée à la vie de l’équipage, « la station spatiale internationale, ça fait la taille d’un terrain de foot » s’exclame Matthias Maurer. Lorsqu’il ne réalise pas d’expériences scientifiques, chaque membre d’équipage doit effectuer une activité physique afin de se maintenir en forme et de préparer le retour sur terre. Le ménage est également une tâche que les astronautes réalisent une fois par semaine.
À bord de l’ISS, les objets sont scotchés au mur afin de ne pas les perdre, « La plupart du temps, si on perd quelque chose, on le retrouve sur les grilles d’aération » affirme le français. Autres missions primordiales, les sorties extravéhiculaires pour réaliser des opérations de maintenance. « Vous avez mis l’ancienne photo de l’ISS, j’ai installé de nouveaux panneaux solaires depuis… » sourit Thomas Pesquet en regardant le diaporama.
Vers une démocratisation de l’espace
Le thème principal de cet échange avec le public s’est vite orienté vers l’avenir de la conquête spatiale. « Notre rôle est primordial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Sans satellites d’observations, on ne saurait peut-être même pas que le climat se dégrade » répond l’astronaute français à une question concernant la responsabilité des conquêtes spatiales sur l’environnement.
Le progrès technologique et la volonté de rendre ce rêve accessible à tout le monde pousse petit à petit les missions spatiales à se démocratiser. Le métier d’astronaute semble désormais s’ouvrir aux personnes qui n’y avaient jusqu’ici pas ou peu accès. « L’espace, c’est pour tout le monde. » déclare Matthias Maurer devant un cliché du diaporama de l’ESA. Au côté de l’astronaute allemand, Samantha Cristoforetti, astronaute italienne qui est devenue le 28 septembre dernier capitaine de la station spatiale internationale.
Une question concernant l’accessibilité des missions spatiales aux personnes en situation de handicap est venue clore la rencontre avec les deux astronautes. « Il y aura des personnes en situation de handicap dans l’espace, j’en suis sûr » déclare l’astronaute allemand. Pour preuve, les critères d’admissibilités de l’ESA qui étaient jusqu’alors réservés aux personnes valides, autorisent désormais l’inscription de candidats porteurs d’un handicap au niveau des membres inférieurs ou encore de personnes mesurant moins d’1m30.
En novembre 2022, le sprinteur paralympique et docteur en médecine John McFall a été sélectionné pour devenir le premier « parastronaute » de l’histoire. Le britannique, amputé de la jambe droite, pourrait être envoyé dans l’espace au cours des dix prochaines années.