L’eau est une ressource naturelle qui nous est vitale au quotidien pour s’hydrater, se laver, faire les tâches ménagères, etc…
La Guadeloupe, destination touristique nommée aussi « L’îles aux belles eaux » car elle est dotée de cette ressource naturelle en abondance semble pourtant en manquer et cela depuis plusieurs années…
La raison : des canalisations mal entretenues depuis trop longtemps ainsi que les fuites d’eaux trop nombreuses qui se comptent par milliers sur le territoire.
Selon la synthèse des chiffres clés en 2021 de l’Office de l’Eau Guadeloupe, 61% de l’eau circulant dans les tuyaux est perdue et n’arrive pas dans les foyers. De ce fait, de nombreux quartiers guadeloupéens sont privés d’eau en permanence et n’ont accès que très rarement à l’eau courante tandis que d’autres sont confrontés à de nombreuses coupures d’eau.
De plus, l’arrivée de la pandémie de la Covid-19 n’a fait qu’envenimer la situation car ce contexte sanitaire particulier nécessite le lavage des mains en premier lieu. La population guadeloupéenne a manifesté son mécontentement notamment en 2020 après le déconfinement mais aussi plus récemment en novembre 2021 durant les grèves.
Ce problème d’eau perturbe l’économie de l’île mais aussi le bon fonctionnement des établissements scolaires et entreprises…
Depuis quand ça dure ?
Les canalisations datent des années 50 et n’ont jamais été entretenues depuis. Il s’agit d’un problème majeur qui perdure malheureusement dans le temps…
Un mode de vie au goût amer
Les familles emploient alors le « système D » : bidons, sceaux, bouteilles en bref tout récipient pouvant contenir de l’eau.
D’autres investissent dans des citernes, cuves afin de récolter une plus grande quantité d’eau.
Notamment, les particuliers sont frustrés de recevoir leurs factures d’eau s’élevant à plus de 100€ or ces derniers n’utilisent que très rarement cette eau. C’est la raison pour laquelle depuis plusieurs années déjà, ils font alors appel aux élus locaux et parfois même sollicitent par courrier le Président Emmanuel Macron afin d’obtenir de l’aide et des réponses.
Plus de 100€ par mois dépensés par les guadeloupéens pour les packs d’eau potable pour se nourrir, faire la vaisselle, les tâches ménagères etc.
Il peut aussi arriver qu’ils se rendent chez un membre de la famille bénéficiant de l’eau courante afin de profiter pour se rafraichir, faire les machines et se ravitailler en eau…
Ce mode de vie consiste également à se réveiller vers 4 heures du matin pour récolter les quelques litres d’eau qui s’écoulent enfin des tuyaux. Cependant il arrive que cette eau tant convoitée soit non potable d’une couleur brunâtre…
Pourquoi ce problème d’accès à l’eau n’est-il toujours pas réglé ?
La population guadeloupéenne veut à tout prix trouver le ou les responsable(s). Ils appellent parfois même à la corruption de certaines sociétés de l’île à cause du manquement de fonds financiers dans certains projets.
Un premier problème : la mauvaise gestion des autorités locales et le manque de moyens financiers.
En effet, il faut savoir que la Guadeloupe a un déficit de plus de 80 millions d’euros. En supplément des dettes s’élevant à plus de 70 millions d’euros envers les fournisseurs et les banques.
Le principal responsable serait le SIAGEG « Syndicat Intercommunal d’Alimentation et d’Assainissement de la Guadeloupe » depuis le 7 mars 1777 créé le 26 avril 1963, par arrêté préfectoral sous le nom de « Syndicat Intercommunal d’Adduction d’Eau de la Région de Pointe-à-Pitre » qui a la charge de toute la zone du feeder de Belle-Eau cadeau (Capesterre-Belle-Eau). En effet, l’ancien président de ce syndicat, Amélius Hernandez a été condamné à 3 ans de prison dont 2 sursis. Quatre autres prévenus ont pu bénéficier de la relaxe. L’ex-président du SIAGEG était poursuivi pour détournements de fonds publics. L’affaire SIAGEG concerne des faits déroulés entre le 1 juillet 2007 et le 31 mars 2014. Ce dernier était chargé d’une mission de service public et a été suspecté d’avoir détourné des fonds à ses fins personnelles, mais aussi dans l’intérêt d’autres individus sans aucun lien avec cette mission et sans justificatif de ces dépenses colossales.
En parallèle, le scandale de l’eau polluée au chlordécone n’arrange pas la situation suffisamment critique de l’île. Deux tiers des stations d’épurations ne sont pas aux normes, certaines stations financées à plus de 50% par l’État n’ont jamais fonctionné. Des stations non opérationnelles mènent alors à la pollution de l’eau de mer car les eaux polluées constituées de matières fécales se déversent dans les mers interdisant parfois même la baignade.
Des solutions envisagées à l’avenir ?
Le plan EAU DOM (lancé le 29 juin 2016) : il s’agit d’un plan d’actions pour les services d’eau potable et d’assainissement en Guadeloupe.
Afin d’atteindre les objectifs ce plan fixe les principes suivants :
« Renforcer la gouvernance des collectivités compétentes en eau et
assainissement, en privilégiant le niveau des établissements publics de
coopération intercommunale. Encourager la gestion commune en syndicat des
ouvrages concernant plusieurs EPCI.
Développer les capacités techniques et financières des services d’eau potable et
d’assainissement : amélioration du recouvrement, formation des personnels
(CNFPT), expertise de l’AFD, maîtrise des coûts d’investissement.
Redéfinir les priorités techniques pour un service de qualité et durable en
développant l’entretien et la maintenance des installations, en améliorant la
collecte et le raccordement aux réseaux.
Intégrer les politiques d’eau potable et d’assainissement dans le développement
des territoires : préserver la salubrité des milieux aquatiques et des eaux de
baignade, entretenir les réseaux d’eaux pluviales, impliquer la population
(SISPEA). » selon la DEAL Guadeloupe.
Le plan bi-annuel d’actions prioritaires sur l’eau potable (Janvier 2018) : 71 millions d’euros pour mieux distribuer l’eau.
Il s’agit d’une somme demandée par les élus locaux qui permettra de financer les travaux de réparations urgents pour régler le problème d’un réseau vétuste et mettre fin aux coupures d’eau.
Plan ORSEC : Le plan ORSEC « distribution des réseaux d’eau » a pour but
d’assurer la production d’eau ainsi que sa distribution à la population et surtout
aux secteurs ayant un plus grand besoin tel que les hôpitaux.
En attendant que de vraies mesures radicales soient prises et puissent améliorer le quotidien en Guadeloupe, des points d’eau ont été mis à dispositions dans quelques quartiers afin que les familles se ravitaillent cependant cette eau n’est pas si potable qu’elle ne paraît…